Chapitre 17: midi au Circle Palace.

Les rues de Crystal Valley sont encombrées et la calèche n'avance qu'au pas, permettant à Jilia de faire mieux connaissance avec son accompagnatrice. Yuuli est un peu plus agée qu'elle, douce avec une expression de tristesse résignée au fond des yeux. Une tristesse dont Jilia peut imaginer sans effort la cause, une tristesse que Jilia connaît bien. Les traits du visage de Yuuli font ressurgir un souvenir ancien dans la tête de Jilia.

Jilia: "Excusez-moi si je suis indiscrète, mais n'auriez-vous pas un frère ainé? J'ai deja rencontré quelqu'un qui vous ressemble."
Yuuli répond brievement: "Oui, j'ai un frère. Il s'appelle Nash."

Dans le silence qui suit, Jilia se remémore l'espion de Harmonia qu'elle avait vu dans la tente de son frère cet après-midi-là, Cet après-midi où elle avait aussi caché deux jeunes garçons recherchés par les soldats, cette après-midi où l'un d'entre eux s'etait fait capturer... Jowy. Jilia ferme les eux, refusant de ceder à la mélancolie. La question de Yuuli vient la distraire de ces tristes pensées.
Yuuli: "Desirez-vous vous installer chez vous ou bien rester chez Maitre Sasarai?"

C'est une question délicate pour Jilia. Elle élude.
Jilia: "Il faut que je discute de la situation avec le notaire avant de prendre une décision. La famille Atréides me semble disposée a engager contre moi une bataille juridique pour récupere tout ce qu'ils peuvent. Si je vis dans ma maison, devrais-je être surveillée?"
Yuuli: "Oui, je serais votre gardienne."

C'est plutot un point positif. Yuuli n'est pas une magicienne et par conséquent ne détecte pas les sorts de Jilia, au contraire de Sasarai. Jilia aurait plus le champ libre. D'un autre coté, elle ne pourrait plus voir Sasarai aussi souvent. Et elle doit admettre que ça lui manquerait beaucoup. Plongée dans ses reflexions, Jilia joue nerveusement avec ses doigts sous le regard interrogatif de Yuuli. Pilika tirant de manière répétée sur sa manche parvient à faire revenir l'attention de la jeune Highland sur elle.
Jilia: "Qu'est ce qu'il y a, ma cherie?"
Pilika: "Pilika aimerait habiter dans la maison de Jowy."

C'est dit. Jilia sait qu'elle va ceder a la demande de la petite fille, quoique cela lui en coute. Pour une fois que la petite fille formule un souhait, Jilia va l'exaucer.
Jilia:  "Oui, Pilika. Mais tu sais, ce n'est pas la maison de Jowy, c'est la maison de Pilika et Jilia."
Pilika: "Quand il rentrera, ce sera la maison de Jowy."

Jilia caresse doucement les cheveux bruns de la petite sans lui répondre. C'est inutile d'attendre, il ne reviendra plus. Mais elle ne le dit pas. Rien ne pourrait détourner la petite de cet espoir.

Après quelques réunions successives avec le notaire, les avocats, un rendez-vous avec la mairie, un avec le service de la garde et le maitre du personnel du temple, Jilia peut enfin envisager de prendre son repas de midi l'esprit tranquille. Il est deja plus d'une heure, et la faim rend Jilia nerveuse. Elle suit Yuuli dans les couloirs vers le restaurant du personnel du temple, quand une odeur connue fait battre son cœur. L'odeur de Sasarai. En elle-même, Jilia se gronde de se laisser si facilement troubler par le jeune eveque, mais elle le cherche quand même du regard dans la foule. Elle l'entrevoit dans un couloir à gauche, et avant meme de réflechir à ce qu'elle fait, elle prend rapidement le dit-couloir en faussant compagnie à Yuuli et Pilika par l'occasion. Elle n'a même pas besoin de l'appeler, car Sasarai s'arrette et regarde autour de lui avec un air interrogateur. C'est sans doute la Terre qui a signalé la présence de Jilia. Apercevant la jeune femme, il la rejoint d'un pas rapide, le sourire au lèvres. Jilia aime bien les gens souriants.

Sasarai: "Dame Jilia, vous êtes deja revenue?"
Jilia: "Oui, ça s'est réglé assez vite et je suis revenue au temple avec Yuuli. Avez-vous deja déjeuné?"
Sasarai répond avec un petit rire: "Non, je viens juste de finir la montagne de travail que m'a fournie Dame Léna. Puis-je vous inviter à partager mon repas?"
Jilia: "Ce serait avec plaisir."

Et sa réponse est sincère. Oui, vraiment avec plaisir. En revenant vers le restaurant, Jilia voit Yuuli arriver vers elle l'air inquiète, puis se rassurer en voyant Jilia au bras de Sasarai. Pleine de tact, Yuuli prend Pilika par la main et part vers les tables réservées aux sous-officiers, laissant Jilia et Sasarai s'asseoir tous les deux à une autre table.

Après avoir englouti son entrée à toute vitesse avec l'élégance maitrisée d'une reine, Jilia se sent enfin un peu calmée. Mais elle est bien obligée d'admettre que la Faim est une difficulté qu'elle va devoir gérer avec soin si elle ne veut pas avoir de problème. A la Louvière, il y avait toujours de la nourriture prête pour elle à toute heure du jour ou de la nuit, mais ici elle doit se plier aux habitudes du monde des hommes... ou trouver le moyen d'avoir à manger facilement. Jilia sait bien que la faim la fait réagir trop impulsivement. La preuve, elle est en train de déjeuner en tête-à-tête avec Sasarai, sous les regards scandalisés des tous les officiers et prêtres à la morale rigide. Mais le pire d'un certain point de vue, c'est qu'elle ne se sent pas du tout génée, elle. Mais qu'est-ce qui m'arrive? Jilia sait bien la réponse, mais est-elle prête à l'accepter? En face d'elle, les yeux verts clairs la regardent chaleureusement pendant qu'il lui parle de la chorale des prêtres qui donne bientôt un récital.

Jilia: "Vous y chantez? J'aimerais bien venir voir."
Sasarai: "C'est ecouter qu'il faut faire, dame Jilia."

Mais avant que Jilia ait pu savoir quand avait lieu ce récital, deux des eveques viennent interrompre leur conversation en s'asseyant à la même table qu'eux. Exprès. Il y a un moment de silence tendu, et Jilia tranche son steack d'un coup de main rageur, faisant douloureusement crisser le couteau sur l'assiette. Sasarai grince des dents et Jilia ne peut s'empecher de sourire en le voyant. Mais les deux eveques semblent bien décidé à gacher leur repas à deux et l'un d'eux s'addresse à Jilia.
eveque1:" Nous avons appris que vous etiez retourné dans votre ancienne demeure, Dame Jilia. Avez-vous eut des difficultés avec les Atréides?"
Jilia: " Non, il m'ont rendu mon bien et ont vidé les lieux."
eveque1: " Vous allez naturellement retourner vivre la-bas...."

Jilia réalise soudain qu'en retournant vivre la-bas, elle se prive non-seulement de la présence de Sasarai, mais aussi , et surtout, de sa protection. Isolée, elle sera bien plus vulnérable face aux autres eveque. Un peu mal à l'aise, Jilia réalise qu'elle n'a pas encore fait part à Sasarai de sa décision de vivre dans son ancienne maison. Elle avait trop la tête ailleurs.

Jilia répond d'un tout moins assurée qu'elle le voudrait: "Oui, j'ai commencé à m'installer." Elle jette un coup d'œil incertain au jeune homme en face d'elle, mais il a baissé son regard et se concentre sur sa julienne de légumes. Jilia se doute bien qu'elle l'a blessée, mais avec ses deux pots de colle en robe bleue, elle ne peut même pas essayer de se rattraper. Les eveques ayant constaté la tension entre les deux jeunes gens en profitent pour accaparer l'attention de Jilia et la mitraille de questions banales sur elle-même, ses projets, sa petite Pilika...tout en glissant aux milieux du flots de parole quelques questions plus cruciales. Comme celle-ci....

Eveque: " Dame Jilia, savez vous ce qu'est devenu la Rune Bête après la chute de L'Renouille?"

Chapitre 18: La Nourriture et ses Conséquences.

Jilia sent son ventre se nouer brutalement, et la tension imbibe la tablée. Même Sasarai semble interessé par la réponse de Jilia.
Jilia: "La dernière fois qu'elle a été vu, c'est lors de son combat contre le Leader de l'Alliance, Riou Genkaku. Pilika et moi avons profité de la diversion pour fuir et gagner Harmonia. La Rune Bete a été vaincu, alors pourquoi cette question?"

Surprenant Jilia, c'est Sasarai qui lui répond: "Les Vraies Runes ne peuvent être détruite. La Rune Bete s'est volatilisé mais elle est toujours là, quelque part, à attendre un nouveau maitre."
eveque: " La recherche de toutes les Vraies Runes est une des missions sacrée que nous confie le Saint Hikusak..."
Jilia: "Et quand vous les avez trouvés, vous en faites quoi?"
La secheresse de la question ne destabilise pas les deux eveques qui réponde avec un sourire un peu narquois.
eveque1:" Nous faisons tout pour les amener à Harmonia."
eveque2:" Tant qu'on en parle, il n'y a pas que la Rune Bete qui nous préoccupe, le devenir des Runes Epee Noire et Bouclier Lumineux fait parti de nos préoccupations..."
Sasarai: "Ainsi que le Mangeur d'ame, la Porte Bleue de la sorcière Leknaat, La Vraie Rune Vent de ce damné magicien, et je dois en oublier...."

L'intervention de Sasarai a détourné l'attention de Jilia, surtout par la manière dont il a prononcé les mots "ce damné magicien". Il a l'air de lui en vouloir. Le Vent... Ah, elle se souvient! C'est un sort de Vent qui avait infligé une cuisante défaite à Sasarai, balayant toute l'armée Harmonienne....ainsi c'était une vraie Rune... Jilia ne peut s'empecher de sourire en voyant l'expression de Sasarai qui est lui aussi en train de se rememorer l'épisode... Il en garde un très mauvais souvenir visiblement.  Malheureusement, les deux autres eveques profitent du silence pour insiser sur un point qui fâche.

Eveque: " Nous avons malheureusement perdu la trace des porteurs des Runes Epee et Bouclier...."
Jilia ne relève pas et entame son dessert. Les eveques continuent à l'aiguilloner.
eveque: "C'est vraiment dommage, C'est un jeune homme pleins de talents qui nous aurions aimé avoir dans l'Empire. Mais rassurez-vous, Dame Jilia, si nous venions à le retrouver, vous serez la première avertie."
eveque: "Il est evident qu'en tant que digne épouse, vous attendez son retour avec dévouement et patience, nous ne pouvons que soutenir et encourager tant de noblesse."

La dernière pique était-elle pour Jilia........... ou pour Sasarai? Tous les deux ont cessé de manger, et le repas s'acheve en silence. Puis les quatres convives partent chacun de leur coté, et Jilia rejoint Yuuli et Pilika, sentant les regards peser sur son dos. Tout le reste du refectoire n'attend que de la voir courir après le jeune eveque pour pouvoir se scandaliser en cœur. Elle ne leur donnera pas ce plaisir. Jilia suivi de Yuuli et Pilika sort et prend la direction du Batiment des Garde.  Du coin de l'oeil, elle regarde quel couloir prend Sasarai en sortant.... si je ne me trompe pas, il va vers le batiment Central... en coupant par ici, je devrait y arriver.

Jilia tourne brutalement par un petit couloir a gauche, faisant signe à Yuuli de continuer tout droit.
Jilia: "Je reviens dans une minute!"

Le temps que Yuuli comprenne, et elle voit la dentelle noire du jupon de Jilia disparaître ... tout au bout du petit couloir. Interloquée, Yuuli ne sait plus quoi faire, et finalement prends la main de Pilika pour poursuivre sa route. Tenir la main de Pilika a quelque chose de tres rassurant.

les lourdes jupes et jupons s'agitent bruyament autour de Jilia pendant sa courses effrénée. Les couloirs des secretariats sont déserts à cette heure-là, les secretaires occupées à babiller devant leur café sur la terasse, et Jilia le sait. C'est pour ça qu'elle prend le risque de courir à pleine vitesse dans ces couloirs. En moins d'une minute, elle a rejoint le couloir central et elle coupe la route de Sasarai, qui le regarde avec stupefaction.
Sasarai: " Jilia! Mais comment...?"
Jilia: " J'ai eut du mal à vous rattraper. Je voulais absolument vous parler."

Sasarai regarde rapidement autour de lui, il y a quelques gardes et sous-officiers qui passent en les regardant d'un air curieux.
Sasarai essaye de prendre un air cérémonieux: " Je dois aller au Conseil maintenant, mais pourriez vous passer à mon bureau vers 5h..?"
Jilia hésite 5 secondes, le temps de jetter aux orties quelques regles morales, avant de répondre.
Jilia: " Je vais rentrer chez moi avec Pilika. Accepteriez vous de venir diner avec moi ce soir?"

C'est dit. Jilia a dans l'idée un diner en tête-à-tête, et à en juger par la couloir des joues de Sasarai, il a la même idée qu'elle. Jilia se sent les joues en feu elle aussi, mais c'est parce qu'elle a couru, n'est-ce pas? Enfin du moins elle essaye de s'en convaincre.

Sasarai lui prend la main et se penche pour poser doucement ses lèvres dessus.
Sasarai: " J'accepte avec plaisir."

Puis aussi vite qu'elle est venue, affolée par sa propre audace autant que par les murmures des gens dans le couloir, Jilia part rejoindre Yuuli qui l'attend près des calèches avec un détachement de gardes. Elles rentrent toutes les trois et Jilia se sent d'humeur à chanter dans la calèche. L'après-midi est vite passé à ranger, trier les papiers, faire des achats, organiser la garde et renvoyer un avocat Atréides. Jilia attend le soir avec impatience, mais réalise tout à coup qu'il y aura peut-être Yuuli aussi à diner............... problème.
Jilia: " Dame Yuuli, vous habitez quel quartier de Crystal Valley?"
Yuuli: "J'habite avec ma tante Léna dans les quartiers Grand-Sud. Mais comme je suis chargée de votre protection, je vais rester ici quelque temps."

Elle aurait du s'en rappeler. Flute!
Yuuli: " Ma présence vous dérange-t-elle, dame Jilia?"
Jilia: " Non, non, pas du tout. Je vous en prie, installez vous comme vous le souhaiter. Vous me rendez de grand service."
Yuuli sourit un peu, le regard pétillant.
Yuuli: "Dame Jilia, où etes vous allé tout à l'heure après le repas? "
Jilia ne sait pas trop quoi répondre.
Yuuli: "Vous en etes revenu le sourire au lèvres et vous trépignez d'impatience depuis... Auriez vous par hasard un Rendez-Vous ce soir?"

Comme une petite fille prise en faute par sa grande sœur, Jilia baisse la tête en rougissant.
Jilia: " .... j'ai invité quelqu'un ce soir à diner."
Yuuli répond en souriant: "Je ne vous dérangerais pas."

Jilia observe un moment Yuuli en silence, avant de demander.
Jilia: " ça ne vous dérange pas..? Je veux dire, vous savez que je suis deja mariée...."
Yuuli: "Je sais. Mais vous avez raison de vouloir continuer à vivre. J'admire votre courage et votre détermination à ne pas laisser votre passé hanter votre présent et votre futur. J'aimerais avoir cette force, j'aimerais être capable de surmonter ces souvenirs douloureux. Esperer trouver le bonheur malgrè tout... mais je n'en suis pas capable."
Jilia: " C'est ...difficile. ça prend du temps. Il faut accepter de laisser derrière soi.... les bons souvenirs aussi."

Les deux femmes reprennent leur tri en silence, perdues dans leur pensées. Dans son ancienne chambre, Pilika joue tranquillement avec son nounours. Elle attends patiemment qu'il revienne.

Chapitre 19 Les cœurs agités.

Pilika a mangé et elle est couché. C'est bon.
Yuili a mangé en même temps que Pilika et elle s'est retirée dans la chambre voisine de celle de la petite fille. C'est bon.
Les gardes veillent à l'exterieur de la maison. C'est bon.
Elle est bien habillée et bien coiffée. C'est bon.
La cuisinière récement engagée est en train de préparer le diner. C'est bon.

Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre que Sasarai arrive, en priant pour que Léna ne l'ai pas enfermé dans son bureau. Elle a tellement hâte de le voir.

L'attente n'est pas longue. Sasarai se présente vite à la porte, bien habillé et une gerbe de fleurs à la main. Jilia l'a sentit venir et elle lui ouvre avant même qu'il ait eut le temps de frapper. Toute rougissante, Jilia reçoit le bouquet multicolore et conduit Sasarai au salon pour l'apéritif. En tendant un verre remplit d'un liquide ambré, Jilia frole la main de Sasarai et leurs regards se croisent. Un sourire, puis Jilia se dérobe en se tournant vers la table et elle se sert un verre.

Il la regarde toujours, la tête un peu ... chavirée. Ce n'est pourtant pas l'alcool, il n'a pas encore touché à son verre. Non, c'est elle. Elle est comme entourée d'une aura terriblement capiteuse. Elle vient s'asseoir sur le canapé, elle aussi. Non, pas tout à coté de lui... mais pas à l'autre bout non plus. Elle teste. Elle évalue. Elle est encore un peu... sauvage. Etrange de penser ça d'une Dame habituée à vivre à la Cour et éduquée pour tenir son rang en société.. ça fascine le jeune eveque.

Ils échangent quelques banalités sur l'installation de Jilia, le travail de Sasarai pour commencer. L'un et l'autre veulent éviter d'evoquer tous les sujets pouvant faire obstacle entre eux. Ils parlent un peu de la saison musicale et théatrale...de futures soirées à deux sous-entendues. La conversation dévie un peu sur la magie, Jilia profitant de l'occasion pour questionner Sasarai sur sa rune, la Vraie Rune Terre, et les autres Vraies Runes en général. Elle n'a que des connaissances superficielles sur le sujet et la Magie. Sans trop réflechir... d'ailleurs, elle a arrété de reflechir depuis un moment... Jilia a prit dans sa main la main droite de Sasarai pour examiner le symbole de la Terre, et il s'est rapproché d'elle.. pour qu'elle puisse mieux regarder evidement.

Jilia a un petit rire: "Vous ne devez pas manier souvent les armes... pas même un baton de magicien, non?"
Sasarai: "Effectivement. Je me sers de cette bague pour amplifier ma magie, je n'ai pas besoin de baton ou de baguette. Et je ne suis pas habile à manier l'épée ou la lance."
Jilia: "ça se voit sur vos mains... elles sont très douces et très lisses..."

Très chaudes, aussi. Jilia laisse machinalement ses mains caresser celle de Sasarai.... qui se referme, emprisonnant doucement ses longs doigts blancs dans sa paume. Elle relève la tête, sans peur ni colère pour une fois. Sans craindre une nouvelle explosion de violence, Sasarai prend la liberté d'effleurer de la main gauche la joue rouge de Jilia. Maintenant, le vert intense des yeux de Jilia a plongé dans l'aigue-marine pâle en face d'elle, qui se rapproche doucement. Elle s'abandonne et ferme les yeux quand leurs lèvres se rencontrent.

Ils sont maintenant cote à cote sur le canapé, enlacé, les yeux dans les yeux, se perdant dans leur contemplation. Si la cuisinière les découvraient ainsi, nul doute que tout Crystal valley apprendrait le scandale avant le lendemain soir. Mais pour le bonheur de la moralité et le malheur du jeune couple, c'est autre chose qui vient les perturber.

Jilia a tressailli. D'un seul coup, Sasarai l'a senti se crisper dans ses bras, les yeux verts ont repris leur eclat sauvage et se sont détourné de lui.
Sasarai: " Jilia, que se passe-t-il?"

Elle le regarde brievement, avant de reporter sa concentration sur ce qui se passe dehors. Elle a senti une odeur. Une odeur connue, qui ne devrait pas être là et qui l'inquiète. Mais elle ne peut pas dire ça....
Jilia: " J'ai entendu quelque chose... dehors. Je vais voir."

Elle se lève et echappe aux bras qui l'elançaient avec vivacité. L'inquiétude l'a completement dégrisée. Avant qu'elle n'ait eut le temps d'ouvrir la porte-fenetre, Sasarai l'a rattrapée.
Sasarai: "ça peut etre dangereux, j'y vais en premier."

Lui-meme, n'a rien entendu, mais la Terre a réagi peu après Jilia.. il doit y avoir quelque chose. Le jeune homme ouvre la fenetre et sort dehors. Il a juste le temps de voir disparaître un peu plus loin dans l'obscurité une petite forme grise et une rgande ombre noire.
Sasarai: "Qui va là?"
Jilia n'a pas besoin de sa vue pour savoir.Elle appelle
Jilia:" Honorine!"

La forme grise réapparait et s'avance. Sasarai peut maintenant voir qu'il s'agit d'une très jeune fille aux cheveux roux, vêtues... du même genre de tunique que Jilia quand elle était dans la foret. La petite s'avance prudement vers Jilia, gardant ses distances avec Sasarai et entre. Avant de refermer la porte-fenetre, le jeune eveque jette un coup d'œil circulaire sur le jardin, mais ne voit rien de plus. Pourtant, il y avait bien une deuxieme personne tout à l'heure....

Son attention se porte sur un sujet plus interressant: la converstion entre Honorine et Jilia.
Jilia: "Pourquoi es-tu ici? c'est très dangereux. Qu'est-ce qui se passe au village?"
L'adolescente jette un regard nerveux à Sasarai, mais comme Jilia insiste, elle lache l'information: "Siane a disparu!"

Il y a un moment de blanc.

Jilia est devenue blanche, elle aussi. Elle balbutie: "Q... quoi...?" Sasarai aussi s'interroge. Siane?

Honorine explique de sa voix aigue et hysterique: " Elle est sortit de la foret... et ... qaund on a essayé de la rattrapper, on a brusquement perdu sa trace. L'homme en noir... Il y avait l'odeur de l'homme en noir...et.."
Sous le choc, Jilia ne peut que repeter machinalement: "Siane... l'homme en noir.."

Puis elle réalise, et tous ses instinct reprennent le dessus. Elle bondit vers la porte-fenetre entrouverte et demandant à Honorine de la guider. Mais une main solide se referme sur son avant-bras et la bloque sur place. Elle essaye de se dégager un peu, mais, malgré les apparences, Sasarai a une force d'homme, bien superieure à la force physique normale de Jilia. Il ne la lache pas et attrape rapidement sa deuxieme main, l'immobilisant completement.
Sasarai: "Jilia, qu'est-ce qui se passe?"

Il ne sourit pas, il est serieux, presque dur. Jilia pourrait se degager en forçant.... mais ce serait trop risqué de reveler son pouvoir. Sans compter que la rune Terre n'est pas sur cette main que pour décorer. Sasarai doit savoir s'en servir, et s'en servir bien. C'est un vrai magicien, lui. Jilia détourne le regard pour ne pas croiser celui inquisiteur de Sasarai. Honorine n'a pas bougé, elle ne sait pas quoi faire. Jilia est assez lucide pour lui lancer: "File!"

La jeune fille disparaît d'un bond et se perd dans l'obscurité avant que Sasarai n'ait le temps de tenter quoique ce soit pour l'arreter... de toute façons, il est bien trop occupé à retenir Jilia.
Sasarai: "Qui est cette fille? elle vient de la Louvière, n'est-ce pas? Et Siane? "

Jilia continue se détourner la tête,et se débat un peu. Que faire? que faire?
Sasarai: " Jilia! répond moi!"
Il l'a tiré brutalement vers lui et la tien maintenant fermement contre lui.
Sasarai: "Jilia, si tu ne me dit rien, je ne pourrais pas t'aider. Fais moi confiance, Jilia."

C'est vrai... elle pourrait... elle a besoin d'aide, sans doute... toujours évitant le regard du jeune homme, Jilia répond par quelque phrases hachées.
Jilia: "Yuber a enlevé Siane.. je l'avais confiée aux femmes du village, mais elle a du sortir pour me suivre et..."
Sasarai: "Qui est Siane?"
Jilia: "C'est...... c'est ma fille. Siane Blight. La fille de Jowy."

Chapitre 20 affolement

Sasarai: "Siane.. Blight?.... mais tu avais dis que..."
Jilia: " J'ai dit que je n'avais pas eut de fils. Mais c'est une fille. Maintenant, Sasarai, lache moi!"

Il la tient toujours aussi fermement, sans lacher sa prise, plongé dans une profonde réflexion. Une fille, elle a eut une fille de Jowy... Une pointe de jalousie vient lui rapeler qu'elle est deja la femme d'un autre. En face, de lui, Jilia est prète à exploser.
Jilia: "Sasarai, ma fille est en danger! Lache-moi ou aides-moi, mais ne reste pas là immobile à m'empecher d'aller à son secours!"
Sasarai: " Je ... je vais t'aider Jilia, mais calme-toi d'abord."
Jilia: " Je veux aller aider ma fille!"

La jeune femme se débat de plus en plus fort, déséquilibrant le jeune eveque, surpris de voir tant de force dans ce corps fin. Mais il ne lache pas ses poignets et tente de la pousser pour qu'elle s'assoie.
Sasarai: " Tu ne vas pas partir comme ça en pleine nuit, au hasard. calme-toi et réflechissons aux..."
Jilia: "Je la retrouverais!! Ou qu'elle soit!!"

Et soudain, elle mord.

Jilia a violement planté ses dents dans une des mains de Sasarai, lui arrachant un cri de douleur. C'était la main droite, et la rune qui s'y trouve, aggréssée, réagit par un eclair de lumière. Surprise et éblouie, Jilia se prend les pieds dans sa longue robe et trébuche, puis tombe à terre en entrainant Sasarai avec elle. Tremblante, elle reste allongée sur le tapis alors que Sasarai se relève. Elle a eut peur... peur de la Terre.
Sasarai: "Jilia! Tu vas bien, tu n'es pas blessée?"

Il l'aide à se relever et à s'asseoir, ne comprenant pas pourquoi sa Rune a régit avec autant de force, mais soulagé de la voir enfin calmée. Sa blessure saigne mais elle est deja en train de se refermer. Quelle fauve, cette femme.

Sasarai: "Tiens, bois un peu. Ne t'inquiètes pas, Jilia, je vais faire lancer un avis de recherche sur ta fille pour l'armée harmonienne..."
Jilia: " ça prendra trop de temps! Et même si Yuber était capturé, rien ne me garantit que les autres eveques ne tenteront pas de la garder pour servir leur interet! Ma pauvre petite, je veux juste qu'elle puisse vivre en paix... Il faut que j'aille la chercher, elle n'a plus que moi."
Sasarai: " Tout ton amour maternel ne t'aidera pas à la retrouver . Harmonia est vaste.."
Jilia: " As-tu confiance en moi, Sasarai?"

La question le prend au dépourvu, elle le fixe de ses yeux verts intensement et répète sa question: "As-tu confiance en moi?"
Sasarai doit bien reconnaître qu'il ne lui accorde pas sa pleine confiance. Surveillée à residence, suivie dans tous ses déplacements, controllée dans ses moindres gestes, ce n'est pas de la confiance.. et  pourtant, elle ... Elle lui a fait confiance au point de lui confier ce secret. Alors le moins qu'il puisse faire, c'est de lui accorder une part de confiance.
Sasarai: "Je...Je vais te faire confiance."
Jilia: " Je te dit que je suis capable de retrouver Siane si je suis assez proche d'elle, alors crois moi. C'est pour ça que je veux partir immédiatement, avant qu'elle ne s'éloigne trop, pour la chercher."
Sasarai" ... D'accord, je te crois, mais laisse-moi t' accompagner et prendre quelques mesures avant de partir. ça ne sera pas long."
Jilia: " ... j'accepte."

Elle se lève pour sortir et monter dans sa chambre se changer. Juste avant de passer la porte du salon, elle dit: "Sasarai... merci. et Pardon."

Sasarai a donné une serie d'ordre à Yuili pour qu'elle lance des recherches sur Yuber et que Lena les rejoignent avec quelques hommes de confiance. Portant Pilika endormie, Jilia les rejoint dans l'entrée et confie la petite fille à Yuili. Du coin de l'œil, Sasarai apprecie la tunique courte, la meme que Jilia portait quand il l'avait revu dans cette etrange foret. Dans la cour, deux chevaux les attendent en piaffant d'impatience, un noir et un blanc, harnachés et tenus par la bride par la petite fille rousse Honorine....

Tiens, Quand est-elle revenue, cette petite?
Jilia bondit sur le noir et Sasarai se retrouve avec le blanc. Ce sont des chevaux nerveux et puissants, qui n'attendent que de partit au galop.
Sasarai: " Où allons-nous, Jilia?"
Jilia: " Vers le Sud, c'est dans cette direction que Yuber est parti. Il n'amène pas Siane à Cristal Valley, mais à Dunan."
Sasarai: " Comment...?"
Jilia: " C'est Honorine qui me l'a dit. On y va."

Talonnant son cheval, elle s'elance sur les pavés de la rue, suivi de près par Sasarai qui ne veut pas se laisser distancer. A l'entrée de la maison, Yuili reste perplexe.
Yuili: " Ces chevaux... ils n'etaient pas dans l'ecurie aujourd'hui... d'où viennent-ils? Et comment Honorine sait-elle...?"

Mais quand elle veut interroger davantage la fillette, elle s'aperçoit qu'elle a deja disparu. De plus en plus perplexe, Yuili portant Pilika part vers le Temple le plus proche pour transmettre les ordres du général et coordoner les recherches.
Tante Lena va etre folle de rage en apprenant ça...

Chapitres suivants